Flash, HTML5 m'a tué

Publié le 27 septembre 2011 par Jean-Rémi Laisne | front

Cet article est publié sous licence CC BY-NC-SA

La fin de flash ?

Si vous possédez un iPod touch, un iPad ou un iPhone, vous avez certainement remarqué l’impossibilité d’accéder à du contenu Flash. C’est une situation frustrante car le web exploite encore beaucoup la technologie Flash. Pourtant, sans rejoindre complètement Steve jobs ou dernièrement Microsoft, nous vous conseillons d’utiliser d’autres technologies que Flash.

Pourquoi faut-il s’éloigner de la technologie offerte par Adobe ?

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à Flash et ce qui a fait son succès. Dans une deuxième partie, nous verrons ses défauts et pour finir la tendance de développement de la dernière version de flash 11.

D’hier à aujourd’hui, Flash est la technologie « interactive » dominante.

Flash est apparu en 1996, à cette époque Internet était encore assez peu interactif. Flash s’est donc imposé progressivement en introduisant des animations et de l’interactivité aux pages web. Au fur et à mesure, il s’est enrichi et permet aujourd’hui de créer non seulement des animations, mais aussi jouer de la musique, de développer des jeux ou d’intégrer de la vidéo. Certains sites sont même intégralement développés en Flash.

1. En 2010, 99% des pc et 21,4% des mobiles sont équipés de flash.

D’après les données statistiques fournies par Adobe, Flash Player est présent sur 99 % des ordinateurs connectés à Internet sur les marchés dit matures (1). Même si ces données venant d’Adobe sont certainement partiales , on peut vraisemblablement penser que Flash est présent sur la majorité des ordinateurs connectés à Internet.

Taux de pénétration des produit Adobe sur les ordinateurs connectés à Internet

(1) Les marchés matures : Etats-Unis, Canada, Grand Bretagne, France, Allemagne, Japon, Australie et Nouvelle Zélande.

Si Adobe a su s’implanter comme une technologie majeure et quasi obligatoire pour les ordinateurs connectés à Internet, il s’avère que son taux de pénétration des plate-formes mobiles est beaucoup plus faible. En 2010, seulement 21,4 % des dispositifs mobiles possèdent le lecteur Flash.

Taux de pénétration de Flash sur les smartphones

Malgré tout, avec le marché en croissance des tablettes et des smartphones Androïd, Adobe espère une croissance forte à venir sur ces marchés.

2. Un imposant catalogue de jeux développés en Flash.

Il existe de nombreux jeux développés en Flash de plus ou moins bonne qualité. Flash représente la quasi totalité des jeux en ligne. Il suffit de faire une recherche sur un moteur de recherche pour trouver des centaines de pages qui proposent ces jeux. Aujourd’hui, Flash est encore la référence dans ce domaine. Nous vous conseillons particulièrement un jeu développé entièrement en Flash :« Machinarium ».

3. Flash répandu sur plusieurs plate-forme.

Flash a réussi à s’imposer dans la sphère du web, grâce à ses nombreux partenariats. La plupart des grands acteurs diffusent cette technologie et l’utilisent pour leurs services. Ces partenaires sont Microsoft, Apple, Netscape, Novell, turboLinux, Red Hat, Aol, Google… De plus flash Player est pré-installé sur les OS comme Mac OS X et Windows (mais toujours pas livré avec Linux). De même, il est livré avec plusieurs navigateurs web et va jusqu’à être directement intégré dans la dernière version de Chrome. Toutefois, il reste encore très marginal sur les navigateurs web mobiles.

Fâcheusement pour Adobe, Flash n’est plus la seule technologie interactive.

Depuis quelques temps, Flash subit les foudres des constructeurs et éditeurs. Apple est même allé jusqu’à proscrire cette technologie de ses produits mobiles. Même Microsoft suit la tendance et a annoncé tout récemment que Flash ne serait pas disponible sur la version Metro de Windows 8. Cette interdiction progressive de Flash est manifestement fâcheux pour les utilisateurs mais elle permet cependant également de faire avancer la technologie d’un bond et de réveiller Adobe pour qu’il améliore son player. Voici ce qui lui est reproché :

1. Flash player consomme énormément de ressources.

Flash utilise énormément de ressources. Étudions le gestionnaire des tâches de Google chrome entre deux videos youtube, l’une en HTML5 et l’autre avec Flash player 10. Les captures d’écrans parlent d’elles-même :

Gestionnaire des tâches Google Chrome : HTML5

Gestionnaire des tâches Google Chrome : Flash

L’HTML5 permet de réduire de moitié la consommation de ressources comparativement à Flash. On comprend pourquoi l’HTML5 est un concurrent directe de Flash. Voilà confirmée une des raisons pour laquelle l’iPhone n’utilise pas Flash. Flash n’est clairement pas optimisé pour les supports mobiles car il consomme beaucoup de ressources.

Pour information : c’est assez fastidieux de ne voir que des vidéos en HTML5 sur Youtube. Vous devez aller dans les préférences de développeurs, puis dans Testtube et choisir le format en HTML5. Ce n’est pas fini car lorsque vous faites une recherche, les vidéo Flash sont toujours dans les résultats. Il faut donc faire une recherche et ajouter « &webm=1 » à la fin de l’URL de recherche pour n’avoir que des vidéos compatible HTML5. Il faudra du temps avant que tous soit compatible HTML5, vaste programme.

2. Flash n’est pas une norme du W3C.

Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web s’exprime ainsi sur la notion d’accessibilité web au sens large:

« Mettre le web et ses services à la disposition de tous les individus, quels que soient leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique, ou leurs aptitudes physiques ou mentales. »

Flash n’entre donc pas dans cette définition car il n’est ni disponible sur tous les OS, ni sur tous les navigateurs. Il est donc un frein à l’accessibilité web et ne correspond pas aux normes du W3C.

3. Flash n’est pas une technologie ouverte et pose des problèmes de sécurités.

Flash est un logiciel propriétaire qui appartient entièrement à Adobe. Adobe est la seule entité à pouvoir vous proposer cette technologie et donc des avancées techniques (mises à jour). Il existe bien un projet libre Gnash de la technologie flash, mais ce projet reste encore très peu compatible avec tous les éléments Flash et ne tire pas partie de toutes les possibilités qu’offre Adobe. A contrario, ses concurrents déclarés Html5, CSS et JavaScript, sont beaucoup plus flexibles et sont au moins en partie open source. De même les formats video et audio exploités par Flash sont des formats fermés et sont sous la législation des brevets logiciels.

En ce qui concerne la sécurité, nous avons tous déjà subi des plantages de Flash, nous obligeant à rafraîchir la page web ou de relancer complètement le navigateur web…. De plus, les cookies imposés par Flash stockent des informations différentes des cookies classiques et auxquels le navigateur n’a pas accès. Cela empêche donc le navigateur de tenir son engagement de conservation de la vie privée des internautes et de sa sécurité.

Derniers points et non des moindres, les contenus en flash d’un site web sont peu ou pas indexés dans les moteurs de recherche. On ne peut pas faire une recherche classique dans une page web par Ctrl+F, et Flash n’utilise pas les liens hypertexte classiques. Une catastrophe pour le référencement du site web…

Conclusion : Les nouveautés de Flash 11.

La dernière version de Flash Player 11, est disponible en Release candidate et corrige la majorité des défauts expliqués dans cet article. Cette mise à jour, que nous considérons importante, sera disponible sur davantage de plate-formes, c’est à dire sur les systèmes 32 bit comme 64 bit, et disponible pour Windows, Mac et Linux. C’est donc une grande avancée en termes d’accessibilité.

Autre fait important, et nous pouvons penser là qu’Adobe a connaissance de son point fort, Flash 11 affichera des rendus 2D et 3D en tirant partie de la puissance de votre carte graphique. Avec l’avènement prochain des jeux web en 3D à travers les navigateurs, c’est donc un chemin logique pour Adobe. Enfin, Flash 11 va utiliser le décodage Hardware H.264, codage issu de l’HTML5 et promu par Google et Apple pour lire les vidéos, à travers Air 3 pour diffuser des vidéos HD.

Adobe, sans perdre la guerre de l’interactivité sur le web, prend donc sagement le chemin de la collaboration vers l’HTML5. Aujourd’hui, il est encore omniprésent sur le web, mais il a bien conscience qu’il aura des difficultés pour rivaliser avec les nouveaux standard du web tel que l’HTML5. C’est donc en toute logique qu’Adobe poursuit le développement de Flash vers des pans technologiques où l’HTML5 ne peut pas encore rivaliser avec lui.

L’équipe Synbioz.

Libres d’être ensemble.